Le secteur de l’assurance lié aux investissements dans les énergies renouvelables connaît une forte expansion, avec une croissance annuelle avoisinant les 9 % entre 2020 et 2024. Ce développement reflète un besoin croissant de couverture pour des projets estimés à 10 000 milliards de dollars d’ici 2030. D’après une étude de la coalition d’ONG Insure Our Future, les compagnies d’assurance chinoises dominent largement ce marché en pleine effervescence, surpassant leurs homologues européens.
Le rapport, intitulé Renewables Gallop As Fossil Fuels Stall, analyse les performances de 45 grands assureurs du secteur énergétique. Il souligne que les primes mondiales liées aux renouvelables sont passées de 5,65 milliards de dollars en 2020 à 8 milliards en 2024. Cette progression témoigne d’un intérêt croissant pour des solutions d’assurance adaptées à la transition énergétique.
Les assureurs chinois, tels que PICC, Ping An et Yingda Taihe, se démarquent par une croissance spectaculaire de plus de 20 % entre 2023 et 2024. Ensemble, ils ont généré plus de 200 millions de dollars de nouvelles primes en un an, redéfinissant ainsi les équilibres du marché mondial. PICC s’impose comme le leader, avec 485 millions de dollars de primes liées aux renouvelables. Selon Muyi Yang, analyste chez Ember Energy, cette performance s’explique par l’expertise développée par les assureurs chinois dans l’évaluation des risques et des rendements des projets, en lien avec le vaste déploiement des énergies renouvelables en Chine.
En Europe, Allianz, Axa et Zurich figurent parmi les principaux acteurs du secteur. Ensemble, ils ont augmenté leurs primes de 141 millions de dollars entre 2023 et 2024, atteignant des niveaux records : 390 millions pour Allianz, 320 millions pour Zurich et 315 millions pour Axa. Toutefois, ces groupes restent également les plus grands assureurs des énergies fossiles en Europe.
Ariel Le Bourdonnec, de Reclaim Finance, critique cette double stratégie : selon lui, en continuant à soutenir les énergies fossiles tout en investissant dans les renouvelables, ces assureurs compromettent leur impact sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Tant qu’ils continueront à couvrir des projets comme les terminaux de GNL ou les infrastructures pétrolières et gazières, ils contribueront à aggraver la crise climatique.
Pour répondre aux objectifs de l’Accord de Paris, Insure Our Future estime que le marché de l’assurance des renouvelables devrait doubler son rythme de croissance annuel, ajusté à l’inflation, pour atteindre 18 % par an d’ici 2030. Si cette tendance se confirme, les renouvelables pourraient surpasser les énergies fossiles en termes de volume de primes au cours de la décennie.