Un rapport récent du Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie (Hcaam) met en lumière une tendance préoccupante : les dépassements d’honoraires des médecins libéraux connaissent une hausse annuelle de plus de 5 % depuis 2019, en valeur réelle, hors inflation. Ce phénomène, loin d’être passager, semble s’inscrire dans la durée, avec des conséquences financières importantes pour les patients et les organismes de complémentaire santé.
Une charge croissante pour les assurés
Les dépassements d’honoraires représentent désormais plus du tiers des revenus professionnels dans certaines spécialités médicales. En 2024, le montant total des dépassements chez les médecins spécialistes a atteint 4,3 milliards d’euros, selon le Hcaam. Cette inflation des coûts médicaux touche particulièrement Paris et l’Ouest parisien, où les dépassements moyens par patient sont les plus élevés.
Les patients doivent ainsi faire face à une augmentation significative de leur reste à charge, même après intervention de leur complémentaire santé. Le rapport souligne que ce reste à charge progresse avec le niveau de vie, mais affecte aussi les habitants de communes modestes, en raison du manque de médecins de secteur 1, qui appliquent les tarifs conventionnés sans dépassement.
Les complémentaires santé sous pression
Les organismes de complémentaire santé prennent en charge entre 37 % et 40 % des dépassements d’honoraires, ce qui représente un coût estimé entre 1,3 et 1,4 milliard d’euros en 2022. Cette charge financière pèse lourdement sur leur équilibre économique, d’autant plus que les disparités de couverture entre les assurés sont marquées : les salariés bénéficiant de contrats collectifs sont mieux protégés que ceux couverts par des contrats individuels.
Le rôle du secteur 2 et des choix d’installation
La montée des dépassements est directement liée à l’augmentation du nombre de médecins exerçant en secteur 2, où les tarifs sont librement fixés. En 2024, 56 % des spécialistes sont en secteur 2, contre 37 % en 2000. Ce choix est particulièrement marqué chez les jeunes médecins : trois quarts des nouveaux spécialistes optent pour le secteur 2, contre deux tiers en 2017.
Le Hcaam note également une baisse de la part d’activité à tarifs opposables chez les praticiens du secteur 2, ce qui accentue encore les dépassements. Ces derniers peuvent entraîner des restes à charge très élevés, comme le montre l’exemple d’une prothèse totale de la hanche, pour laquelle près de la moitié des patients paient en moyenne 630 € de dépassement, et plus de 1000 € dans 10 % des cas.